Les élans

P A R O L E S

L E S   É L A N S

 

Tomber frêle

Ton fusil braqué à mes flancs

J’ai succombé à tes appâts

J’ai craqué l’bon biscuit chinois

Me dictant d’occuper tes bras

 

Je retiens mon souffle en quittant le pas de ta porte

Et j’agrippe à moi ce trop-plein d’envie de toi

Pour tenir tout ce temps avant que mon corps puisse s’étendre à toi

Et s’éterniser doucement

 

D’où sors-tu ces mots si charmants

Qui me laissent ivre de toi

T’as mis la gomme et de beaux draps

Depuis j’bois au même verre que toi

 

Trace sur moi ton amour et laisse-moi

M’abandonner nuit et jour à toi

Courtise chacun de mes contours et fais-moi

Faiblir et tomber frêle d’amour pour toi

 

Les détours

Effacer les repères façonnés par nos corps

Brûler les étapes une à une sans remords

Je ne décide plus rien de moi

 

Emplie par la beauté de tes mains sur moi

Pourquoi mes instincts n’empruntent jamais de chemins droits

Je ne maîtrise plus rien de moi

 

Et si ma sève était entièrement vouée à la romance

Les détours de mes amours dans le vide toujours me lancent

 

Tant de bien déposé par ton être sur moi

Mes rives creuses s’assainissent sous mes pas

Pour ne plus détruire rien de moi

 

Et si c’était ça… Si je n’avais plus à douter

Ancrer mon cœur et le repeindre de sa naïveté

Pour que toujours tes lèvres me ramènent

À ce doux vertige

 

Les ébats

Plus rien ne sert d’arroser le joli bouquet de fleurs des champs

La pluie les a fait boire autant que nous deux hier soir

 

Je t’aime maladroitement

Tu m’aimes maladroitement

Mais tant que tu m’embrasses comme dans les films d’auteur

Et tant que nos ébats débordent de chaleur

Mon beau cheval de course, toute entière je me donne à ton cœur

 

Nus sur la peau de loup, tu nous fais un feu, je t’invite à mon cou

La lampe à l’huile embrasse le tapis, les draperies et nos corps brûlent

 

Je t’aime maladroitement

Tu m’aimes maladroitement

Mais tant que tu me souffles à l’oreille qu’encore et toujours

Mes genoux flancheront d’amour pour toi

Mon beau cheval de course, toute entière je me donne à ton cœur

 

Je t’aime maladroitement

Tu m’aimes maladroitement

Je m’enlace à ta crinière, transporte-moi vers les sous-bois des candeurs

Mon beau cheval de course, toute entière je me donne à ton cœur

 

Toucher les cèdres

Je ne toucherai pas les cèdres même s’ils sont d’un vert très beau

J’y échauderais, y abimerais ma peau

Je ne traverserai pas les cèdres même si tes charmes transpercent ma robe

Ses mains seulement la déboutonnent

 

Même si ton parfum sent le vent

Et que tes lèvres en aimants

Pouvaient faire de toi mon amant

Mon cœur lui revient, ma peau est son butin

 

Sans que mes jambes touchent les cèdres

Sans que ma peau et son cœur saignent

C’est impossible et trop sensible

 

Même si ton parfum sent le vent

Et que tes lèvres en aimants

Pouvaient faire de toi mon amant

Mon cœur lui revient, ma peau est son butin

 

Je danse dans tes bras

Sous ton souffle sage et aimant

Ma robe effleurant les cèdres doucement

 

Les ivresses

Il ne reste plus qu’une seule bouteille

Il ne reste plus que ma main vers la tienne

Je ne veux qu’entendre cette même chanson qui tourne

Sur le disque malgré tes lèvres qui m’incitent

 

D’oublier qu’il se fait tard

Oublier que je dois rentrer

Oublier que la dernière fois

La dernière fois, tu m’as aimée

 

Il ne reste plus que le fond de nos verres

Mississippi John Hurt et toi sous la faible lumière

Je ne peux plus me passer de toi mon amour

Et de tes mots doux qui m’enivrent et me font rêver

 

À oublier qu’il se fait tard

Oublier que je dois rentrer

Oublier que la dernière fois

La dernière fois, tu m’as aimée

 

Il ne reste plus que…

Nos lèvres qui se donnent

 

Chambre 16

La lampe de chevet éclaire la pièce vide

Vide de ton odeur

Dénudée de bibelots et de ta chaleur

 

Dis-moi que lorsque tu reviendras

Nos corps ensemble se berceront

Dans la lueur du lampadaire

Qui t’accordera les traits de ma chair

 

La lampe de chevet

Éclaire la chambre 16

Vide de ton odeur

Dénudée de tes lèvres sur mon cœur

 

Dis-moi que lorsque je reviendrai

Ton corps ne demandera qu’à m’aimer

Qu’une fente dans le rideau

Laissera la lune caresser ta peau

 

Dis-moi que lorsque nous serons là

À ne plus répondre qu’à nos ébats

L’abandon à bout de souffle dans la pièce noire

Vivra en veilleuse dans ta mémoire

 

20h30

Laisse la vaisselle sécher toute seule

Viens que je te présente mes dentelles

Et mon rouge à lèvres, maintenant sur tes lèvres

Prisonnières de moi pour longtemps

 

Non, je n’ai pas bu de vin ce soir

C’est ton eau de Cologne que j’aimerais plutôt boire

Viens que je te chante la pomme

Qui hantera ton cœur d’amour pour moi, pour longtemps

 

Laisse tomber ta chemise et ouvre-toi

Une bière, ferme les yeux et permets-moi

De te dire à l’oreille, en secret, tout bas

 

Laisse la vaisselle et danse avec moi

Laisse la vaisselle et éprends-toi de moi

Laisse la vaisselle et embrasse-moi

 

Fin mars

Les roses rouges sur le piano du salon

Ne ressemblent en rien à la neige qui jamais ne fond

Je ne peux plus regarder par la fenêtre

Le blanc m’assaille et me glace le sang

 

Ton corps qui me réchauffe

Et qui rentrera trop tard, encore ce soir

 

Les peaux de lièvres se déposent éternellement

Sur mes envies qui n’espèrent que lui et le printemps

J’ai fait le ménage de la cuisine en pensant à toi

Mon verre me tient au chaud en attendant

 

Ton corps qui me réchauffe

Et qui rentrera trop tard, encore ce soir

Ton corps qui me réchauffe

Et qui rentrera trop tard, encore ce soir

Et mon cœur qui se meurt de revivre la grande chaleur, ce soir

 

Les élans

Toujours et jamais à la fois dans l’espace de tes bras

Je te quitte en décembre et te laisse avec le froid

Pris entre deux chemins, entre le Nord et la raison

Mes élans en mouvement, je t’effleure seulement, seulement

 

Jamais je n’offrirai ton corps en échange

Je te rejoindrai sur les marches de la descente

Pour bien te regarder avant que mon cœur se fende

Comme à chaque fois où je te dis de ne pas m’attendre

 

Le motel ne me réchauffe pas, les nuits me laissent froide

Je t’ai laissé un message sans te dire que tes mains me manquent

 

Jamais je n’offrirai ton corps en échange

Je te rejoindrai sur les marches de la descente

Pour bien te regarder avant que mon cœur se fende

Comme à chaque fois où je te dis de ne pas m’attendre

 

Rester, rester toujours

Jamais ça ne me ressemblera

Partir, partir toujours

Avec toi en moi, mon amour

Rester, rester toujours

Jamais ça ne me ressemblera

Partir, partir toujours

Avec toi en moi, mon amour

 

Les vivaces

La porte est là

Dis-moi, dis-moi que je ne me trompe pas

Encore une fois

Le courant m’entraîne à aller là où mon cœur bat

Comment on s’est rendus là

Pourtant j’y ai cru comme ça se peut pas

 

Je sais que c’est moi

Qui ai levé le camp un peu trop souvent

Mais mon amour

T’as oublié d’arroser les vivaces

Un si grand bonheur d’océan

Asséché par quelques orages violents

 

T’as tiré du gun où il fallait pas

Moi j’ai ouvert le feu en soldat

Le fort a scindé nos corps

Les laissant s’échouer chacun d’leur bord

 

C’est quoi ça si c’est pas d’l’amour amer

Pourtant on n’a jamais manqué d’air

Si ça se trouve on en a trop eu

Un amour mirage où on s’est perdus de vue

 

J’ai forcément trop soif d’incendies en dedans

Toi t’es plus autosuffisant

C’est drôle qu’on n’ait pas tant

Retenu l’autre quand le châssis laissait passer le vent

 

Ta flamme au fond du bois ou d’la terre

La mienne dans une brise de bord de mer

Ça sent le début d’la fin

Du si beau et grand feu d’camp

 

Le deuil est là

Dis-moi, dis-moi que je ne me trompe pas

Mais si gentiment

T’as su sauver les meubles d’une mort cruelle

Que reprennent de plus belle chez-toi

Les vivaces et le beau temps

 

Nin sibicec

Ma rivière, ma chair, ma terre est un tremblement

Un barrage, une brèche, une entaille dans mon sang

Je suis une tempête qui éclate et implose à la fois

Et cette foi je la cherche souvent, elle me glisse entre les doigts

 

Mon père voudrait tant me nantir d’un cœur libre

Et ma mère qui espère bercer et apaiser mes misères

Je suis l’écho des secrets qui ont longtemps troublé les eaux claires

Purgez-moi de ces lois qui blessent depuis tant d’hivers

 

Comment sous les brouillards j’arrive à voir les tranchées

Comment sous les tourments mes racines peuvent s’enfoncer

Si je tenais un miroir sans reflet de vos passés

Je pourrais voir loin devant et en moi toute la beauté

 

Nin sibicec majigon ninibin pekatc eji mikitwakamik

Aka kekon etakôk kitci idiebec nitam

Nin sibicec majigon ninibin pekatc eji mikitwakamik

Aka kekon etakôk kitci idiebec nitam

(Je suis une petite rivière qui cherche à couler librement

Sur les profondes noirceurs et grands vides du temps d'avant)

 

Reste donc couchée

Les volets se foutent bien que la nuit soit passée au matin

Et que la lumière cherche mon corps

J’ose même pas me regarder, je comprendrais pas anyway

Que le mauvais passera encore

 

C’est tellement pas la première fois

Certainement pas la dernière non plus

Que le creux te ramasse

Reste donc couchée, mange d’la junk

Braille pis écoute-toi une vue sans contenu

Règle aucun cas, assume la passe

 

Dis-moi encore que je suis belle

Ça m’empêcherait d’aller flauber ma paye au Urban

Et pis de regretter

Dis-moi que mon corps encore t’appelle

M’empêcher de penser qu’les autres sont toutes plus belles

Pis qu’aujourd’hui, j’suis pas allée jogger

 

Laisse faire les médicaments, le psy pis la luminothérapie

Si t’es instable, c’est p’t’être que t’es en vie

« C’est ben connu qu’les filles sont plus émotives

Toi tu pourrais te mériter le premier prix » qu’y m’a dit

En m’apportant le déjeuner au lit

 

C’est tellement pas la première fois

Certainement pas la dernière non plus

Que le creux te ramasse

Reste donc couchée, mange d’la junk

Braille pis écoute-toi une vue sans contenu

Règle aucun cas, assume la passe

Reste donc couchée, mange d’la junk

Braille pis écoute-toi une vue sans contenu

Mange pas tes bas, attends que ça passe