À hauteur d'homme

 P A R O L E S

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À  H A U T E U R  D ' H O M M E

 

Je te vois contempler dans la noirceur

Tu transpires l’instinct du chasseur

Tu défriches pour trouver la plus belle fleur

Je te vois

 

Je te vois dans le vif de tes couleurs

Tu pourrais croquer le fruit des rougeurs

Tu joues sur la juste dose de charme et de chaleur

Je te vois

 

Ce soir les oiseaux volent à hauteur d’homme

Se posent à ta fenêtre et tu te donnes

 

Je te vois allumer toutes les chandelles

Tu les fixes jusqu’à ce qu’elles t’ensorcèlent

Tu valses autour de plus d’un feu de joie à la fois

Je te vois

 

Ce soir les oiseaux volent à hauteur d’homme

Se posent à ta fenêtre et tu te donnes

 

Je te vois découper la beauté du corps

Tu flanches au risque de ta propre petite mort

Tu jouis en silence et t’envoles sans effort

Je te vois

 

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L E  J E U  D E S  A C C R O I R E S

 

Garde des habits pour veiller tard

Cache bien tes défauts sous ton costard

Et si je parvenais à voir les dessous de ta gloire

Desserrerais-tu la cravate?

 

Garde ton armure pour veiller tard

Tes faiblesses cachées dans tes histoires

Et si je te laissais le pouvoir, te laissais la victoire

Baisserais-tu vraiment la garde?

 

C’est à croire que l’on ne peut s’aimer

Sans personnage, sans maquillage et tout habillé

Par peur de se faire voir

Au premier étage, à l’état sauvage, nu de vérité

 

Garde tes secrets pour veiller tard

La paix s’achète à coup de silences ce soir

Même si tu sais que je vois

À l’intérieur de toi

Joueras-tu le jeu des accroires?

 

C’est à croire que l’on ne peut s’aimer

Sans personnage, sans maquillage et tout habillé

Par peur de se faire voir

Au premier étage, à l’état sauvage, nu de vérité

 

Laisse-moi croire que l’on pourrait s’aimer

Sans camouflage, sans sparages, rien à prouver

Sans la peur de se faire voir

Au premier étage, à l’état sauvage, nu de vérité

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C O R P S  É T R A N G E R S

 

Non je ne suis pas folle

J’ai parfois fait erreur sur la personne

On ne déshabille pas un homme

Aussi facilement qu’un arbre en automne

 

Tu comprends pas

Tu restes là

Tes sentiments comme des corps étrangers

Ton cœur est grand

Avec le temps

Tu peines à t’y retrouver

 

Non je ne te prends pas la gorge

À ravaler les ombres

Tu couves une bombe

On ne relève pas un homme

Aussi facilement qu’un enfant qui retombe

 

Je ne forcerai pas le cadenas

Je te laisserai déterrer la clé

Perdue dans le champ de mines que t’as semé

 

Non je ne suis pas folle

J’ai parfois fait erreur sur la personne

 

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D O S  D ' Â N E

 

Tu m’avais dit que les dames étaient maintenant bienvenues

Mes lèvres enfin remplaçaient la taverne de coin de rue

Mais t’as mis des dos d’âne en avant de ton coeur

 

Pourtant c’est avec toi qu’on a fait sauter les braker

Je peux pas croire qu’on s’en remette aux draps pour garder notre chaleur

T’as mis des dos d’âne en avant de ton coeur

 

À force d’avoir peur de revoir dans ton rétroviseur

Les blessures qui retiennent tes chances de regoûter au bonheur

T’as mis des dos d’âne en avant de ton coeur

 

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O N  V E I L L E R A  L E  F E U

 

Je sais qu’il ne suffit pas d’un coup de masse

Pour éteindre ton corps, achever le désastre

Qui déverse son encre comme une rivière

Sortie de sa tranchée pour te faire la guerre

 

Je sais qu’il ne suffit pas de mes mains près de ton cœur

Pour te donner toutes les armes nécessaires

Qu’il te faut pour défendre la flamme qui éclaire

Tout ce qu’il te reste de chemin à faire

 

Même si c’est la saison qui mène

C’est quand même toi au fond qui sèmes

Et si la récolte est mauvaise

On nourrira pas le malaise

 

Même si c’est la raison qui freine

C’est quand même toi qui tiens les reines

Et si la rage prend son aise

On soufflera pas sur les braises

 

Et si la force vient à manquer

On veillera le feu

Que t’auras laissé allumé